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Helmut Newton l’effronté : en salles le 14 juillet 2021

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affiche film helmut newton - Vintage
Helmut Newton fait partie, au même titre que Norman Parkinson, Guy Bourdin, Peter Lindbergh, JeanLoup Sieff ou Steven Meisel pour ne citer qu’eux, des grands photographes qui ont magnifié la femme durant une bonne partie du XXe siècle (et du XXIe siècle pour Steven Meisel). Entre masculin et féminin, le plus souvent en noir et blanc, Helmut Newton a largement contribué à la photo d’art érotique, au travers de ses clichés. Le réalisateur allemand Gero Von Boehm a réalisé un documentaire sur le photographe baptisé « Helmut Newton l’effronté », après avoir eu un accès illimité aux archives Helmut Newton. Le film sortira en salles le 14 juillet 2021, nous l’avons vu en avant-première.
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L’affiche du film : ©The Helmut Newton Estate/Maconochie Photography

Né Helmut Neustädter le 31 octobre 1920 à Berlin, le photographe Helmut Newton a débuté son métier de photographe dès l’âge de 16 ans, après une piètre prestation comme journaliste. Homme d’images plus qu’homme de lettres, il commence sa longue carrière comme assistant de la photographe Yva (Else Ernestine Neuländer-Simon), avant d’officier en solo avec la carrière qu’on lui connaît.

L’effronté

Le réalisateur et scénariste Gero Von Boehm lui consacre un documentaire qui sortira au cinéma le 14 juillet 2021 et baptisé « Helmut Newton l’effronté ». Habitué des interviews, Von Boehm en a réalisé une cinquantaine de 1980 à 1990, pour la télévision allemande, plus de 50 personnalités dans la série “Wortwechsel”. On y retrouve Federico Fellini, Roman Polanski, Arthur Miller ou encore Eugène Ionesco. Réalisateur et scénariste de plus de 80 documentaires pour ARD, ZDF, ARTE, FRANCE 3 et la télévision suisse-allemande, la science, l’art et l’histoire contemporaine font partie des thèmes qu’il aborde. Il a réalisé de nombreux biopics sur des personnalités importantes et les grandes familles de l’histoire contemporaine dont Stephen Hawking, Umberto Eco, Susan Sontag, Alberto Giacometti, Paul Auster, Peter Lindbergh, Hedi Slimane, Norman Mailer, David Hockney ou bien encore Karl Lagerfeld.

Nous avons pu découvrir le film-documentaire sur Helmut Newton, qui se visionne sans jamais regarder sa montre car les une heure trente minutes du film s’écoulent de façon limpide, rythmées par une large diffusion de planches-contact de l’artiste et de ses photos, le tout entrecoupé de nombreuses interventions de celles qui l’ont côtoyé. Sa femme June, photographe elle-même, ses modèles, qui décrivent l’ambiance d’un shooting particulier et celles qui ont collaboré avec l’artiste, comme Anna Wintour, la célèbre rédactrice en chef de l’édition américaine du magazine Vogue.

Le synopsis

Helmut Newton, l’un des photographes les plus influents de son époque, a consacré une grande partie de son œuvre à célébrer les femmes. Dès 1960, il est un précurseur controversé, mettant en scène des femmes libres et affranchies des codes sociaux. C’est au tour de ces femmes photographiées par Newton de tirer son portrait. À travers leurs regards se révèle un pionnier à l’humour insolent, en lutte contre le puritanisme. De son enfance dans l’Allemagne nazie à un Paris iconique immortalisé par ses photographies, elles retracent la vie d’un génie épris de liberté.

Art & vulgarité

“J’adore la vulgarité. Je suis très attiré par le mauvais goût, c’est bien plus excitant que le prétendu bon goût, qui n’est que la normalisation du regard. Le bon goût est aux antipodes de la mode, de la photo, des femmes et de l’érotisme. La vulgarité, au contraire, c’est la vie, l’amusement, le désir, les réactions extrêmes !” Helmut Newton. Une vulgarité travaillée et millimétrée par le maître, que le documentaire analyse parfaitement parce que Newton était avant tout un amoureux des femmes, de leur pouvoir, même s’il se définissait comme un « voyeur professionnel ».

On retrouve dans cet « effronté » toutes les périodes de l’artiste, de ses clichés de Jean-Marie Le Pen à Grace Jones, en passant par sa période « nuit », fortement influencée par Brassai. Misogyne pour certaines, artiste incompris pour d’autres, Helmut Newton ne laissait jamais indifférent. Faire la part entre l’homme et l’artiste, c’est ce qui ressort de « L’effronté » de Von Boehm, comme le souligne la romancière Susan Sontag, que l’on retrouve face à Newton au côté de Bernard Pivot lors de son émission « Apostrophes ».

helmut newton 1993 monte carlo - Vintage

Monte Carlo autoportrait ©Helmut Newton – Helmut Newton Estate Courtesy Helmut Newton Foundation

5 questions à Gero Von Boehm, réalisateur et scénariste

Comment avez-vous rencontré Helmut Newton ?

Nous nous sommes rencontrés grâce à des amis communs à Paris. Ça devait être en 1997. Nous nous sommes tout de suite entendus et nous avons découvert que nous avions un sens de l’humour très similaire, et la même tendance à nous retrouver dans des situations bizarres. J’ai aussi immédiatement adoré sa femme June, peut-être parce que, comme Helmut, j’aime beaucoup les femmes intelligentes et fortes. On s’est revu à plusieurs reprises à Monte-Carlo et surtout à Berlin, qu’il affectionnait tout particulièrement.

De quoi parliez-vous quand vous vous rencontriez ?

Nous aimions tous les deux les mêmes vieux films allemands, la même musique, les mêmes romans de Arthur Schnitzler. Nous aimions aussi observer ensemble les gens excentriques de Monte-Carlo, là où il vivait pour la météo. Il était un voyeur mais dans le bon sens du terme. À Berlin il me racontait son enfance dans la ville dans les années 1920 et 1930, il me parlait de ses amis, de l’incroyable photographe de mode Yva auprès de qui il a tout appris et, bien sûr, de l’occupation nazie. Il me disait à quel point c’était dangereux pour lui d’être un Juif à cette période, comment il se cachait la nuit, et de sa fuite hors de Berlin en décembre 1938. Il m’a montré le quai d’où il a pris un bateau pour la Chine. À un moment je me suis dit “Je dois faire un film sur cet homme !”. Cela a pris un certain temps pour le convaincre et surtout pour convaincre sa femme June. Elle était très protectrice envers lui et lui était une personne très privée, mais au bout de quelque temps ils m’ont dit “Tu as notre bénédiction”. Nous avons ensuite filmé à Monte-Carlo, Paris, Berlin et Hollywood, et un documentaire pour la télévision a été diffusé sur ZDF / Arte, appelé “HELMUT NEWTON – MEIN LEBEN” (« HELMUT NEWTON – MA VIE »). Il me restait cependant beaucoup de matériel jamais exploité qui a pu du coup être intégré au film, en plus d’autres vidéos que June avait faites avec Helmut pendant des années. Nous avons aussi eu la chance de pouvoir, avec leur accord, utiliser l’intégralité des archives photo de la Fondation Helmut Newton.

L’une des idées fortes du film était de laisser parler seulement les femmes. Pourquoi ?

Les femmes étaient ce qu’il y avait de plus important dans le travail de photographe d’Helmut. Il connaissait les femmes comme personne et les femmes le connaissaient. C’est pour ça que j’ai considéré que c’était à travers elles qu’il fallait raconter son histoire. En général, les hommes étaient juste des accessoires pour Helmut. Aussi, je connaissais certains de ses modèles depuis longtemps, comme Isabella Rossellini, Charlotte Rampling et Hanna Schygulla. Elles ont donc très vite accepté de faire partie du film. Et puis d’autres femmes formidables ont suivi comme Grace Jones, Nadja Auermann, Claudia Schiffer, Marianne Faithfull et Anna Wintour. Elles parlaient toutes de leur rencontre avec Helmut avec beaucoup de franchise. Grace Jones, par exemple, se souvenait de toutes les fois où il l’avait appelée en oubliant à chaque fois qu’elle avait une poitrine trop petite pour lui et qu’elle n’incarnait pas le modèle typique de la “femme Newton”. Il l’avait donc renvoyée plusieurs fois chez elle avant de faire finalement des photos très connues avec elle. Une autre histoire drôle…c’est celle d’Anna Wintour qui devait faire un shooting photo en Californie avec lui alors qu’elle était encore jeune rédactrice mode au British Vogue et qui s’était faite porter pâle la veille car elle avait simplement eu peur du géant qu’il représentait. Charlotte Rampling se souvenait surtout du fait qu’Helmut avait été le premier à l’avoir fait poser nue, sur le bureau d’une chambre d’hôtel à Arles. Nadja Auermann, elle, avait toujours refusé la nudité et cela avait un peu froissé Newton.

5 rue aubriot paris 1975 helmut newton - Vintage

5 rue Aubriot, Paris 1975 ©Foto Helmut Newton – Helmut Newton Estate Courtesy Helmut Newton Foundation. L’influence Brassai sur Newton

Par-dessus tout, il a vraiment marqué la photographie des années 1970 et 1980, et ses photos sont toujours iconiques aujourd’hui. Quel sera son héritage dans le futur ?

Le style inimitable de ses photos. Elles sont tellement reconnaissables que ça prouve leur qualité. Pour moi personnellement, j’en garderai le souvenir d’un ami avec de grandes qualités. Il personnifiait une certaine tradition mais couplée à de l’avant-garde. Il était élégant, avait du style et en même temps il était effronté, impertinent et il se fichait du politiquement correct, il savait rester jeune dans sa tête. Je pense souvent à lui, surtout dans notre monde de plus en plus uniforme et prude. Les gens comme lui sont devenus extrêmement rares.

Des gens pensent que le regard que porte Helmut Newton sur le corps des femmes ne devrait plus être montré…

La censure, la dictature du bon goût, que diable ! Tout le monde peut bien penser ce qu’il veut des photographies d’Helmut Newton, mais elles sont là et elles existent. Je suis fondamentalement contre toute restriction de liberté dans l’Art et on oublie trop souvent que la nudité est présente dans les œuvres artistiques depuis la nuit des temps. Si on voulait supprimer toute nudité dans l’Art, on devrait aussi ne plus jamais regarder des œuvres de l’Antiquité ou des peintures de Lucas Cranach l’Ancien, du Caravage ou de Picasso. Enfin, dans beaucoup d’images d’Helmut Newton on peut surtout voir à quel point les femmes sont fortes et ont confiance en elles, ce qui peut certainement effrayer certains hommes.

HELMUT NEWTON : L’EFFRONTÉ Un film de Gero von Boehm avec Helmut et June Newton et Nadja Auermann, Marianne Faithfull, Sylvia Gobbel, Grace Jones, Phyllis Posnick, Charlotte Rampling, Isabella Rossellini, Claudia Schiffer, Hanna Schygulla, Carla Sozzani, Arja Toyryla, Anna Wintour
2020 – Documentaire – Allemagne – 89 min – SORTIE NATIONALE LE 14 JUILLET 2021

LISTE TECHNIQUE

Réalisation et scénario Gero von Boehm Image Pierre Nativel, Marcus Winterbauer, Alexander Hein, Sven Jakobengelmann Son Elie Aufseesser, Marco Zachalsky, Moritz Springer, Hardy Hergt Montage Tom Weichenhain Production Lupa Film, Felix von Boehm Productrice Christine Rau Co-production Monarda Arts, ZDF/3Sat Post-production Digital Images Gmbh Ventes internationales MK2 Films Les archives suivantes ont été utilisées dans le film : ▪ Gero von Boehm : “Helmut Newton – My Life” (Arte, 2002) ▪ Helmut by June (Cinéma et matériel non publié, 1995) ▪ Adrian Maben : “Frames from the Edge” (BBC, 1989) ▪ Helmut Newton et Susan Sontag dans l’émission “Apostrophes” (France 2, 1979) ▪ Photographies personnelles et objets appartenant à Helmut Newton : Fondation Helmut Newton

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