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Plongée dans les années 80, le film “Les magnétiques” sortira le 17/11/2021

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AFFICHE LES MAGNETIQUES - Vintage
Le film “Les magnétiques” sortira en salles le 17 novembre 2021. Ce premier long métrage du réalisateur Vincent Maël Cardona nous replonge dans les années 80, alors que François Mitterrand vient d’être élu. Un film très vintage et à la portée sociologique intéressante.
AFFICHE LES MAGNETIQUES - Vintage

En salles le 17/11/2021

“Les magnétiques” sortira au cinéma le 17 novembre 2021. Il s’agit là du premier long métrage du réalisateur Vincent Maël Cardona, qui nous ramène dans les années 80 au travers de l’histoire de deux frères.

Synopsis

Une petite ville de province au début des années 80. Philippe vit dans l’ombre de son frère, Jérôme, le soleil noir de la bande. Entre la radio pirate, le garage du père et la menace du service militaire, ils ignorent qu’ils vivent là les derniers feux d’un monde sur le point de disparaître.

Le réalisateur s’est livré au jeu de l’interview pour décortiquer son premier film et les années 80.

D’où vient Les Magnétiques : autobiographie, observation de proches, lecture de romans, réminiscences de films ?

D’un désir d’écriture collective. Réunir d’abord des scénaristes de ma génération que j’admire, tous nés au début des années 80 : Romain Compingt, Chloé Larouchi, Maël Le Garrec, Catherine Paillé et Rose Philippon. Et, ensemble, mesurer combien la révolution numérique a transformé le monde qui nous a vu naître en une sorte de songe, un monde séparé. Une manière de penser à quel point nous avions nous-mêmes, nous tous été transformés par le cours des choses.

Les Magnétiques mêle l’élection de Mitterrand avec le rock, la new wave, les radios pirates. Pour vous, le rock et la gauche au pouvoir, C’est la même énergie, celle de 1981 ?

Il se passe quelque chose de très bizarre entre 1978 et 1983. ll y a une véritable explosion des expressions artistiques, singulièrement musicales. Rennes, Lyon, Montpellier, Bordeaux, Paris bien-sûr, de partout on voit débarquer des groupes de rock, des fanzines, des radios sonos. Toute une jeunesse qui ne se reconnaît plus dans les promesses de 68 et s’empare de la vague punk pour dire son désenchantement et paradoxalement son envie de faire la fête. Et après 83 c’est fini. La plupart de ces groupes disparaissent et ceux qui restent sont absorbés par l’industrie musicale. Comme les radios libres qui réclament la liberté d’émettre à tue-tête et qui dès qu’elles l’obtiennent, disparaissent, englouties par les radios commerciales. C’est vrai qu’on ne peut pas s’empêcher d’y voir un écho avec l’arrivée de la gauche au pouvoir en 81 et le tournant de la rigueur en 83. Mais c’est comme si la musique devançait le politique. Comme si elle avait compris que ce qui se jouait c’était le passage d’un monde à l’autre et que dans cet autre monde à venir la notion d’avenir avait du souci à se faire, que c’était ici et maintenant qui comptait. Cette sensibilité « no future » m’apparaît aujourd’hui comme une sorte de vision prophétique.

Le film marque bien le contraste entre l’énergie du rock qui incarne le présent, la jeunesse, et la patine des décors, notamment de la maison où habitent les deux frères et leur père, qui représente le passé, le côté figé de la province de l’époque.

Le film se passe là où a priori « rien ne se passe ». C’est le sens de la province imaginaire dépeinte dans le film : la province non pas comme un territoire physique précis, situé, mais comme un territoire mental, ce sentiment d’être loin de tout. Le lieu du film c’est la province intemporelle, d’hier et d’aujourd’hui, celle du bistrot, des flaques d’eau, des petites départementales. Elle existe aussi par rapport à un centre fantasmé, celui du Berlin de l’époque, celui de tous les possibles, où convergeait l’énergie folle de cette époque. Cette tension entre le centre où « ça se passe » et la périphérie où « rien ne se passe » est très précieuse parce qu’elle renvoie à la grande maladie de notre époque qui est le sentiment de ne jamais être tout à fait au bon endroit. L’art, en particulier la musique, court-circuite cette distance : on est loin et en plein cœur. Et plus la distance est grande, plus l’intensité est forte. Comme mes personnages, je viens d’un petit patelin et la musique comme le cinéma ont toujours été un moyen de me sentir en lien avec le monde, mais je ne peux qu’imaginer ce que ça devait être dans un village au début des années 80, de mettre la main sur un bootleg de Joy Division, d’être là dans sa chambre vue sur les champs dans le silence de la nuit à écouter en boucle dans le creux de son oreille tel concert donné à la Factory quelques semaines plus tôt.

Les Magnétiques, c’est aussi un trio amoureux, d’autant plus intense que les deux gars sont frères. Il y a là plusieurs dimensions : biblique, freudienne, comme si la tragédie grecque se nichait dans une province reculée de la France.

C’est ça. Ce type de contraste me semble très fertile au cinéma, ça permet un déploiement d’imaginaire assez puissant. Cette dimension est présente dès le départ dans la réaction du frère maudit qui hurle l’Ancien Testament. Il se réfère aux fils de Noé et à leur conflit avec le père. Je voulais mener de front ces deux niveaux : un schéma mythologique archétypal, et une maison banale avec trois hommes. Dès les premiers plans de cette maison, la tragédie est lisible. Il y a ce couloir, les deux trous que sont les chambres des frères, et le père qui apparaît toujours dans le corridor, cette ligne droite qui semble aller dans un mur. Il s’agit d’un schéma mythologique mais aussi d’une histoire très prosaïque, très quotidienne et incarnée, qui reflète nos vies dans ce qu’elles ont de plus ordinaire.

Le monde change tout le temps, mais les schémas bibliques sont-ils comme des invariants qui se reproduisent à toutes époques ?

Bien sûr. Toutes les histoires peuvent être ramenées à quelques schémas très simples qu’on retrouve partout. On reraconte toujours, on interprète. Les premiers récits ne sont eux-mêmes que la traduction écrite d’histoires qu’on se transmettait à l’oral. Si dans ce film 7 ces schémas sont particulièrement lisibles c’est parce que Philippe nous raconte comment il s’est trompé d’histoire. Il a vécu son histoire avec son frère sous l’angle du triangle amoureux pour s’apercevoir, malheureusement trop tard, qu’il s’était trompé de schéma, c’était l’histoire du fils prodigue. Qu’il était question de réussir à vivre, d’accepter de vivre. Ce qu’ils n’arrivaient ni l’un ni l’autre à faire. Son frère parce qu’il le voulait trop, lui parce qu’il ne le voulait pas assez.

LesMagnetiques Photogramme 1 - Vintage

L’autre triangle, c’est justement celui formé par le père et ses deux fils, Jérôme l’aîné et Philippe le cadet, eux-mêmes se différenciant, entre autres par leur rapport à la musique. Souhaitiez-vous montrer trois types de masculinité ?

Oui, ce sont trois hommes, trois époques. Le bon fils, le mauvais fils et le patriarche. Comme dans le récit de Luc, le mauvais fils est aussi le préféré. Mais ce qui importe ici c’est leur rapport à la fin du monde ancien. Jérôme l’aîné est encore attaché au monde d’hier, à ses promesses, il partira avec lui. Philippe le cadet, est déjà du côté des jeunes gens modernes. Comme dans le film de Pialat de 1978, Passe ton bac d’abord, source pure sur cette époque de transition, où l’on distingue nettement les jeunes encore prisonniers de l’imaginaire des années 70 et les autres, déjà prêts pour la suite –c’est-à-dire les années 80 et une forme de nihilisme.

Le personnage de Marianne est très émouvant. On ne connaît pas son passé mais on le devine puisqu’elle a une petite fille.

Elle vient d’ailleurs, de la grande ville, mais surtout du monde des adultes dans lequel elle a plongé très tôt et d’où elle a ramené une enfant, en y laissant sa propre adolescence. Dans la France de l’époque et ses assignations de genre, cela en dit long sur sa force de caractère et son indépendance. Pour Philippe, instantanément, elle est tout ce qui l’appelle à s’extraire de son trou, de son mutisme, de l’ombre du grand frère. Mais c’est avec Jérôme que Marianne retrouve l’insouciance qu’elle avait dû ranger trop tôt au placard. Entre celui qui ne veut pas grandir et celui qui n’y parvient pas, les deux cœurs de Marianne battent alternativement.

Jérôme semble en effet un éternel ado, même s’il n’en a plus l’âge, tandis que Philippe part faire son service militaire en Allemagne : une étape initiatique qui fait vraiment partie d’un monde disparu ! Vouliez-vous montrer le service comme une entrave mais aussi comme une libération pour Philippe, une ouverture au monde ?

Clairement le service militaire en France, en tant que grand rite de passage rassemblant tous les petits gars de toutes les provinces françaises est un motif central du monde d’avant. Comme les autres motifs il est traité sous l’angle du fantasme : on y entre garçon, on en ressort homme. Sauf que la grande leçon pour Philippe ne sera pas militaire mais existentielle. En perdant son frère, il découvre la solitude et c’est ça qui fera de lui « un homme », comme les autres.

Il y a cette scène importante et magistrale où Philippe effectue une véritable performance sonore à la radio de l’armée pour dire indirectement son amour à Marianne.

Les Magnétiques est un film sur la prise de parole, celle de Philippe, garçon timide et mutique. Avec sa création sonore, il est à mi-chemin de ce parcours vers la parole. D’abord, il a essayé d’envoyer une cassette en réponse à Marianne mais il n’est pas parvenu à s’enregistrer, et à la fin du film, enfin, il prend le micro, et avec lui, les rênes de son existence. Dans cette scène, il est au milieu du gué, il n’a pas le choix, il doit parler mais il en est encore incapable. Comment montrer au cinéma quelqu’un qui invente une langue ? C’était là tout l’enjeu de cette scène. Via la technique, les machines, Philippe va imaginer en direct une manière de dire l’indicible (son amour fou).

LesMagnetiques Celine Nieszawer - Vintage

Comment avez-vous imaginé et fabriqué cette séquence ?

C’est un des moments du film où le son a précédé l’image. En temps normal le monteur son et le mixeur n’arrivent sur un film qu’après le tournage. En l’occurrence, Pierre Bariaud et Samuel Aïchoun étaient les premiers sur le pont. On a monté une véritable station radio d’époque dans la cave de la production et on s’est familiarisé avec les machines. Tout ce que Philippe allait faire devait être réaliste, sans trucages ni tricherie. On a testé les boucles infinies, les scratches de cassettes, la tasse sur la platine, le pendulum inspiré par Steve Reich… Une fois qu’on a mis au point la performance, on l’a fait répéter par Timothée Robart, dans la cave, une bonne partie de l’été. Ensuite j’ai découpé la séquence au tournage à partir de la bande-son préexistante.

Cette séquence résume ce qu’est le rock pour des millions d’ados : un moyen d’exprimer ce que les mots ne peuvent pas ou n’osent pas dire.

L’épiphanie punk est marquée par le bricolage, le « do it yourself ». Ce que dit le punk, en substance, c’est qu’il n’est pas nécessaire d’apprendre la musique pour faire du rock. On y va, on prend des guitares, on gueule ce qu’on a à dire et on fait de la musique ici et maintenant. C’est à peu près ce que fait Philippe avec sa performance radio : un rapport instinctif, sauvage, aux sons électrifiés. On a résumé le punk un peu péjorativement par « no future ». Mais « no future », c’est puissant, c’est toute l’histoire du nihilisme, et aujourd’hui, ça résonne fortement. No future en 2021, c’est la jeunesse qui se mobilise pour la préservation de notre espèce ! C’est ce que je voulais dire par la « vision prophétique » du moment 1978-1983. Le « no future » de l’époque contenait en germe celui d’aujourd’hui.

Jérôme meurt jeune. Là encore, le destin tragique d’un anonyme rejoint des mythes comme Achille, James Dean ou Ian Curtis (chanteur de Joy Division).

Le film convoque en effet la figure de Ian Curtis avec cette musique crépusculaire, sépulcrale que jouent au début Jérôme et sa bande de la radio pirate. La mort de Jérôme est symbolisée à la fin par un bouquet sur le bord de la route. Ce bouquet c’est à la fois nos vies à nous, la tragédie ordinaire, les petites croix au bord des routes de campagne. Mais c’est aussi un genre de monument – peut-être le monument d’un monde qui s’est éteint. Entre la rage de vivre et l’incapacité à vivre, il y a une grande proximité.

Par le thème de l’ennui provincial, Les Magnétiques évoque des chansons comme We’ve got to get out of this place des Animals, Born to run de Bruce Springsteen, ou des romans comme La Dernière séance de Larry McMurtry qui a été adapté au cinéma par Peter Bogdanovich, ou Leurs enfants après eux de Nicolas Mathieu.

1980 pour moi c’est une jeunesse qui arrive sur le marché du travail en même temps que le chômage de masse. C’est un phénomène majeur qui va irriguer tout un pan de la production artistique et qui renvoie plus généralement que l’ennui provincial au doute existentiel : que vais-je faire de ma vie ? Et au fond : y a-t-il encore quelque chose à faire ? L’époque actuelle n’est qu’une intensification de ce qui se joue dans la période 78-83 : le chômage de masse est devenu la norme, la parenthèse libérale ne s’est jamais refermée et les inquiétudes écologiques n’ont fait que s’intensifier. Peut-être que la spécificité des Magnétiques c’est sa dimension symbolique. Comme si ce désenchantement global se jouait à l’échelle d’un individu. Un provincial au sens où le centre aurait à jamais disparu. L’idée ce n’est pas de célébrer le monde d’avant comme un paradis perdu mais d’entendre comment, au moment de basculer, l’ancien monde a pu nous dire qu’il ne fallait rien attendre de lui, ni de ce qui se préparait. Qu’un autre monde a été, était et sera. C’est ce que j’entends dans la bande-son de l’époque et que j’ai voulu restituer dans le film. Que ce soit dans sa manière de parler ou la musique que cette génération a produite. Camera Silens, Joy Division, Marquis de Sade, Die Krups ou D.AF., c’est toujours pour moi le même esprit du temps, la même contradiction entre une forme de nostalgie, d’angoisse liée à l’avenir et une rage intacte de vivre au présent. Cette contradiction me parle beaucoup de notre situation actuelle.

Timothée Robart incarne excellemment le timide et introverti Philippe. Tu l’avais vu dans Vif Argent de Stéphane Batut ?

Oui. Au départ, il n’est pas acteur mais perchman et Stéphane a eu l’intuition de lui confier son premier rôle. C’était déjà deux indications très fortes. Mais la difficulté pour le personnage de Philippe c’était de trouver un jeune comédien capable d’être à la fois réservé, en retrait, et immédiatement magnétique. Qu’il puisse s’effacer aux yeux du groupe et nous donner envie, à nous, de le regarder lui. Thimothée a cette magie-là.

Marie Colomb est magnifique. On l’a vu dans la mini-série Laetitia mais on la reconnaît à peine dans Les Magnétiques, comme si plusieurs années s’étaient passées entre les deux tournages.

Quand j’ai rencontré Marie c’était comme si elle arrivait avec toute l’histoire du cinéma. Elle était à la fois la jeune fille de l’abribus et la grande actrice classique. Et puis elle a un instinct du jeu, un mélange de grande fragilité et de bravoure dingue. Et à propos de Laetitia, j’ai appris après coup que Timothée était perchman sur le tournage. Déjà une histoire de son !

LesMagnetiques Photogramme 2 - Vintage

Comment as-tu trouvé Joseph Olivennes qui joue Jérôme avec beaucoup de charisme ?

Grâce à Pierre-François Créancier, le directeur de casting. J’ai rencontré Joseph à l’occasion des essais. Il s’agissait d’animer une émission de radio. Celle de Joseph était tout simplement passionnante. Il était dans l’inventivité permanente, la provocation et l’intelligence, et surtout, il citait des groupes de l’époque et des titres précis, rares et extrêmement pertinents par rapport au personnage de Jérôme. Par ces choix musicaux il était évident que Joseph avait tout compris de Jérôme, et par extension, du film.

Le père est joué par Philippe Frécon, acteur peu connu au cinéma, très bon aussi.

Philippe fait partie de la troupe de Joël Pommerat. Je l’ai découvert au théâtre dans La Réunification des deux Corées. A côté des jeunes acteurs débutants, je voulais des comédiens plus chevronnés, venant du théâtre et qui avaient l’expérience du travail de plateau. De nombreuses scènes n’étaient qu’esquissées au scénario, je savais qu’il nous faudrait les trouver au tournage. Philippe comme Saadia Bentaieb qui joue la patronne du bar, ou Maxence Tual et Fabrice Adde qui font partie de la bande d’amis, étaient tous très à l’aise avec cette manière de faire. Joy Division, Marquis de Sade, Die Krups ou D.AF., c’est toujours pour moi le même esprit du temps, la même contradiction entre une forme de nostalgie, d’angoisse liée à l’avenir et une rage intacte de vivre au présent. Cette contradiction me parle beaucoup de notre situation actuelle.

Antoine Pelletier joue avec beaucoup de décontraction et de classe l’ami berlinois de Philippe…

La musicalité du parler de l’époque était pour moi une chose capitale et il y a quelque chose d’extraordinaire avec Antoine, c’est qu’il parle naturellement avec ce phrasé des années 80. Il était comme un diapason, dès que nous avions un doute, nous revenions à lui. Au-delà de cette particularité charmante, j’ai surtout eu le sentiment de découvrir un jeune acteur d’une intelligence et d’un appétit de jeu particulièrement rare.

L’image a un grain de l’époque. Comment as-tu travaillé avec ton chef opérateur, Brice Pancot ?

Notre compagnonnage avec Brice remonte à l’époque de la Fémis et si Les Magnétiques est ma première expérience de long-métrage, ce n’était pas son cas. Nous avons pu parler de ce projet très en amont et on a patiemment construit notre dispositif cinématographique. Nous voulions que le film dans sa forme convoque le monde argentique sans pour autant s’abstraire de son contexte actuel de production. Nous nous sommes bien sûr posé la question de la pellicule mais il nous a semblé plus juste d’opter pour un corps caméra numérique doté d’optiques anamorphiques d’époque. L’idée était de porter un regard d’aujourd’hui sur le monde analogique, le considérer comme à jamais inatteignable mais faire une image numérique qui témoigne de notre fascination et de notre attachement aux images de ce monde révolu. Cela passe par le format, les aberrations optiques et chromatiques mais surtout par le travail sur la lumière, les décors et les costumes autour de la notion de souvenirs fantasmés. Tous au sein de l’équipe technique nous sommes nés au début des années 80, notre rapport intime et réel de cette époque est donc assez précisément celui du souvenir fantasmé, un vécu de l’enfance reconstruit par la suite. À mes yeux ce n’était pas un problème, bien au contraire, c’est cette sensibilité d’une époque vécue sans l’avoir tout à fait vécue que j’ai cherché à restituer. Un monde aussi proche que déjà étranger.

Les Magnétiques est rock, punk et post-punk jusqu’au bout puisqu’il est dédié à Philippe Pascal et à Gilles Bertin, deux musiciens disparus.

Gilles Bertin était le fondateur et chanteur du groupe bordelais Caméra Silens, fondé au début des années 80 et dont l’activité va s’interrompre brutalement avec le braquage du dépôt de la Brinks et le passage dans la clandestinité de Gilles qui était impliqué dans l’affaire. Il est réapparu 30 ans plus tard en 2016 pour comme il l’a dit lui-même, « ne plus mentir ». Je l’avais contacté pour évoquer le film et lui demander d’y figurer parce que Caméra Silens représentait par excellence pour moi ce son de l’époque autour duquel gravite Les Magnétiques : le cri brut, franc et viscéral d’une jeunesse provinciale qui d’une certaine manière avait tout vu. Malheureusement, Gilles est décédé deux semaines après le début du tournage. Même chose pour Philippe Pascal, décédé quelques semaines avant le début du tournage. Philippe était le chanteur de Marquis de Sade, un groupe rennais. C’était une figure mythique de la scène rock française et tout particulièrement pour un jeune Breton comme moi. C’était un personnage au charisme inoubliable, une beauté à la Egon Schiele, un immense artiste. Philippe Pascal et Gilles Bertin incarnent mieux que quiconque cette époque étrange où dans chaque région de France on a vu apparaître des groupes de rock d’une dimension exceptionnelle sans autre plan de carrière que de se produire autour de chez eux. Ils se sont consumés comme un feu de paille mais la lumière qu’ils ont générée peut encore nous éclairer.

LES MAGNÉTIQUES

Date de sortie 17/11/2021
Réalisateur Vincent Maël Cardona
Producteur Srab Films / Easy Tiger
Scénariste Vincent Maël Cardona, Chloé Larouchi, Maël Le Garrec, Rose Philippon, Catherine Paillé, Romain Compingt
Avec Thimotée Robart, Joseph Olivennes, Marie Colomb
Pays France
Langue Français
Festival(s) & Prix Prix SACD Quinzaine des Réalisateurs – Cannes 2021
Prix d’Ornano-Valenti du meilleur premier film français – Deauville 2021
Prix du Jury Lycéen – Festival Effervescence Mâcon 2021
Prix du Jury Jeune – Festival du Film des Villes Sœurs : Mode, Costume et Cinéma 2021
Prix d’Interprétation Masculine – Festival du Film des Villes Sœurs : Mode, Costume et Cinéma 2021
Grand Prix du Jury – Festival du Film des Villes Sœurs : Mode, Costume et Cinéma 2021
Durée 98 mn
Formats Scope / 5.1
Distributeur Paname Distribution


Crédit photo : Céline Nieszawer©
1 commentaire

1 commentaire

  1. Genli

    09/01/2022 at 0h00

    Interview passionnante au sujet d’un film que j’ai beaucoup aimé. Acteurs excellents, histoire prenante, bande son extra et récit parfaitement maîtrisé.

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