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16 mars 1978 : le jour où l’océan a pleuré

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amoco cadiz epave - Vintage

Le 16 mars 1978 restera gravé dans l’histoire comme le jour où l’océan a pleuré. Au large des côtes de la Bretagne, en France, le pétrolier supertanker géant Amoco Cadiz s’échouait, déclenchant l’un des pires désastres écologiques de l’histoire maritime. La chronologie des événements qui a suivi cette catastrophe reste un rappel tragique des conséquences dévastatrices de la négligence et de l’incapacité humaine à prévenir les catastrophes environnementales.

La tragédie en mer

Tout commença par une nuit tourmentée dans les eaux tumultueuses de l’Atlantique. Le 16 mars 1978, l’Amoco Cadiz, un pétrolier supertanker massif (334 mètres de long, 51 mètres de large, 20 mètres de tirant d’eau et 50 mètres de tirant d’air) battant pavillon libérien, transportant 230 000 tonnes de pétrole brut, rencontra des difficultés techniques. En pleine tempête, avec des vagues de plus de dix mètres, les systèmes de navigation de l’Amoco Cadiz ont échoué, laissant le navire vulnérable aux éléments déchaînés.

Par un vent de force 8 degrés sur l’échelle de Beaufort (qui en compte 13), les 5 tentatives de remorquage de l’Amoco Cadiz ont toutes échoué. Le 16 mars 1978, à 13H31, un câble d’acier partant du remorqueur allemand Le Pacific est relié au super tanker. Un câble qui, rien qu’à lui seul, pèse 15 tonnes. Mais à 16H18, ce câble cède sous la force de la mer, des éléments et du supertanker.

À 20H08, l’ancre de l’Amoco Cadiz est mouillée et à 21H04, le pétrolier touche le fond pour la première fois. À 21H43, le pétrole commence à s’échapper de la coque et la marée noire débute.

En dépit des efforts désespérés de l’équipage pour contrôler le navire et des nombreuses tentatives de remorquage par le remorqueur Le Pacific, l’Amoco Cadiz a finalement heurté un récif rocheux au large de Portsall, en Bretagne.

Le choc a provoqué une rupture cataclysmique dans la coque, libérant des flots de pétrole dans la mer déchaînée.

hommes nettoyant le pétrole sur les plages bretonnes après l'échouage du pétrolier Amoco Cadiz le 16 mars 1978

14 000 hommes, dont 7 000 militaires travaillaient chaque jour au nettoyage des côtes bretonnes. Crédit photo : wikimedia

L’ampleur de la marée noire

L’Amoco Cadiz n’était pas simplement un navire en détresse ; il était devenu le symbole d’une catastrophe écologique imminente. Dans les heures et les jours qui ont suivi l’échouage, des torrents de pétrole se sont déversés dans les eaux environnantes, formant une marée noire gigantesque qui a rapidement englouti les côtes de la Bretagne. Au total et après les premiers bilans, ce sont 60 000 tonnes de pétrole brut qui se sont déversés, sur 360 km de côtes bretonnes. Le reste du pétrole s’évapora ou se déversa en mer.

L’ampleur de la marée noire était incommensurable. Des centaines de kilomètres de littoral étaient souillés par l’épaisse nappe de pétrole, étouffant la vie marine et souillant les plages de sable blanc. Les oiseaux de mer, les poissons et les mammifères marins ont été piégés dans le maelström toxique, condamnés à une mort lente et agonisante. On se souvient tous encore des images d’oiseaux mazoutés et de tous ces hommes vêtus de cirés jaunes, ramassant le pétrole à la pelle.

La réponse et les conséquences

Face à cette catastrophe sans précédent, une réponse internationale s’est rapidement organisée. Des milliers de volontaires, soutenus par des équipes de nettoyage professionnelles et les écologistes ont afflué vers les côtes bretonnes pour tenter de contenir et de nettoyer le désastre. Au total, 14 000 personnes travaillaient chaque jour au nettoyage, dont 7 000 militaires (armée de Terre et Marine Nationale), la Marine Nationale avait fourni 50 bateaux pour aider au nettoyage et 1 000 véhicules travaillaient chaque jour sur les plages à la dépollution. Cependant, malgré les efforts héroïques, la marée noire a laissé des cicatrices indélébiles sur l’écosystème fragile de la région.

Les conséquences économiques et environnementales de la marée noire de l’Amoco Cadiz ont été dévastatrices. Les industries de la pêche et du tourisme, qui étaient les piliers économiques de la région, ont été durement touchées, entraînant des pertes d’emplois et des difficultés économiques pour de nombreuses communautés côtières. La saison d’été 1978 a enregistré une chute de 50% des réservations hôtelières. De plus, les dommages écologiques persistants ont mis des décennies à se résorber, laissant un héritage sombre pour les générations futures.

Ancre du pétrolier supertanker Amoco Cadiz exposée dans la ville portuaire de Portsall en Bretagne

Ancre du pétrolier supertanker Amoco Cadiz exposée dans la ville portuaire de Portsall en Bretagne. Crédit photo : Zubro© – wikimedia – Creative Commons

L’après marée noire

Une fois le pétrole disparu et après analyse, il fût constaté que le plus gros du nettoyage était d’origine naturelle. En effet, ce sont les vagues et les bactéries qui, peu à peu, étaient venus à bout du pétrole brut. Ou quand la nature s’associe à l’homme pour réparer les dégâts que l’être humain provoque, tout devient possible et un nouvel avenir s’ouvre à nous, ce qui aurait dû nous faire réfléchir.

Aujourd’hui, l’Amoco Cadiz repose par 30 mètres de fond au large de Portsall, dans le Nord-Ouest du Finistère. Sur cette petite commune, l’ancre du super tanker a été exposée, comme témoin du danger que représente l’homme pour la nature.

Après un procès long et fastidieux entre l’État Français et la société américaine Amoco, cette dernière fait appel du jugement du 24 janvier 1992. Mais la Cour d’Appel des États-Unis tranche définitivement sur le dossier la même année, soit 14 après l’échouage et condamne Amoco à verser la somme de 1,272 milliard de Francs aux communes bretonnes touchées par la marée noire et à l’État Français. Une décision qui fit jurisprudence et institua le principe de “Pollueur-Payeur”.

Crédit photo de “UNE” : US NATIONAL OCEANIC ADMINISTRATION©
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