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Interview de Marc Cerrone. Un nouvel album, une autobiographie, une tournée et une expo pour ce grand nom du disco !

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Monsieur Vintage était convié lundi dernier au vernissage de l’exposition Marc Cerrone, dans le célèbre café-littéraire Les Deux Magots, à Saint-Germain des Prés (Paris 6e). Une soirée rythmée par la musique du maître du disco et les couleurs virevoltantes de ses toiles. Deux jours plus tard, nous interviewions l’artiste, totalement néo-rétro.
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Marc Cerrone en 2011. Crédit photo Wikimedia©

Vernissage au café-littéraire Les Deux Magots

Le café-littéraire Les Deux Magots situé 6 Place Saint-Germain des Prés, dans le 6e arrondissement parisien, accueillait lundi 12 mars dernier le célèbre batteur Marc Cerrone. Musicien, producteur, compositeur, écrivain et artiste peintre, l’artiste était dans l’enceinte du café-littéraire récemment restauré pour le vernissage de son exposition. Ayant ajouté la casquette de peintre à sa large palette de talents, depuis 2009, Marc Cerrone transforme tout ce qu’il touche en or, ou presque, au travers de ses toiles pimentées, très colorées, vivantes et pleines de rythme, comme le fût sa carrière, loin d’être terminée.

Exposition jusqu’au 26 mars 2018

Des œuvres que vous pourrez regarder à l’occasion d’une balade dans le quartier latin, jusqu’au 26 mars 2018. Pour celles et ceux qui ne pourraient pas se déplacer sur Paris, vous pourrez découvrir les peintures de Cerrone en vous rendant sur le site cerronegallery.com

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Peinture à l’huile 100 x 100. Artiste Marc Cerrone©

Après avoir croisé cette icône des années 70, en totale osmose avec son époque, nous décidions de l’interviewer deux jours plus tard, à la veille de son départ pour les États-Unis. Un échange que nous vous livrons aujourd’hui.

Un très grand nom du disco

Marc Cerrone est un des très grands noms du disco, en France comme à l’international. Ses tubes ont été repris (Supernature, Give me love), remixés et passent toujours en clubs et festivals. Considéré comme un précurseur, on pense notamment aux Daft Punk, Marc Cerrone a vendu plus de 30 millions de disques en 45 ans de carrière. À 65 ans qu’il ne fait pas, l’artiste a encore de l’énergie et du rythme à revendre. Il commence l’année 2018 avec une exposition, une autobiographie à sortir le 25 avril prochain (aux Éditions EPA), des dates de concerts dont une à Paris le 1er avril 2018 et cerise sur le gâteau, avec un nouvel album qui sortira en mai 2018. L’occasion pour lui de remonter le groupe qu’il avait créé en 1972 : Kongas !

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Marc Cerrone aux platines lors de son vernissage au café-littéraire Les Deux Magots – Paris 6 – le 12 mars 2018. Crédit photo & Sens©

Marc Cerrone vous avez vendu 30 millions d’albums dans votre carrière, comment expliquez-vous un tel succès ?

C’est un peu plus de 30 millions d’albums, auxquels vous devez rajouter les versions numériques (rires). Le succès je ne l’explique pas, je sais que j’ai dû travailler « un peu beaucoup », comme l’indiquera d’ailleurs le sous-titre de la bio qui sortira le 25 avril. Je dis que la chance, c’est d’être au bon moment au bon endroit, pour ne pas dire « Right Time, right place », que je me suis fait tatouer sur le bras, tellement je crois à ce dicton.

Mais la chance il ne faut pas aller la chercher. La chance, c’est de sentir les choses, et d’être au bon moment au bon endroit. Parce que beaucoup de gens ont du talent. Il faut avoir l’arrogance d’y croire et de l’exposer, encore faut-il avoir l’opportunité de l’exposer.

Qu’est-ce qui vous a donné le goût de la rythmique ?

C’est ma mère qui a eu l’idée de m’acheter une batterie. J’étais extrêmement turbulent à l’école, je bougeais beaucoup et sautais partout et c’est là que lui ai venu l’idée de la batterie. Peut-être que mon père et ma mère ont eu des fantasmes africains (rires), j’en sais rien, mais tout ce qui est rythmique est dans mon ADN ça c’est sûr. Je fais une trentaine de galas par an. Je jouerai d’ailleurs le 1er avril à Paris, au Chalet du Lac, dans le bois de Vincennes. Un gros endroit avec un peu plus de 1 000 places.

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« CERRONE PARADISE » – l’autobiographie de Marc Cerrone à paraître le 25 avril 2018 aux Éditions E/P/A.

Si vous aviez un conseil à donner à un jeune français qui débute dans la musique ?

Oh vous savez il n’y a plus de frontières aujourd’hui. À mon époque c’était du domaine de l’incroyable et du miracle pour qu’un français réussisse à l’étranger, mais pas aujourd’hui. Aujourd’hui, ce qu’on appelait avant « le French Sound », une expression lancée à mes débuts par les américains, est devenu « la French Touch ». Avec cette « French Touch » on lance un album à travers la toile, ça devient rapidement international, il y a même des jeunes français qui cartonnent aux États-Unis. Il n’y a plus trop de frontières et me concernant, il s’agissait de musique, ce qui était international et donc plus facile à exporter, à moins de faire du « franchouillard ».

Le talent de faire-savoir

Il y a tellement d’outils aujourd’hui pour exprimer son talent, mais certains veulent aussi être connus rapidement, ce qui est différent. Il y a donc beaucoup de monde, mais le talent fait la différence, se faire connaître ne suffit pas. Le talent il faut en avoir, mais il faut également le talent de le faire savoir.

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Marc Cerrone à son vernissage le 12 mars 2018. Café-littéraire Les Deux Magots – Paris 6. Crédit photo & Sens©

Vous avez formé le groupe Kongas dans les années 70 ?

Oui, très jeune, j’ai été Directeur Artistique au Club Med. Et mon rôle était de trouver des musiciens, les faire répéter et le Club Med les envoyait dans les villages. Je choisissais le meilleur bassiste, batteur, clavier etc … du moment et je les faisais répéter.

Au printemps 1972 on nous a demandé de rencontrer 2 percussionnistes. Nous sommes allés voir un spectacle dans lequel nous avons rencontré Norbert Journo et Serge Tonini qui ont été à la base de Kongas, un groupe Afro-Rock que j’ai créé et qui a marché quelques années.

Est-il vrai que vous avez convaincu en 1969 Albert Trigano, alors patron du Club Med, de faire venir des groupes dans les Clubs Med ?

Ah oui absolument, il m’a demandé lors d’une soirée de départ en Club d’une GO que je connaissais, si je pouvais m’occuper de faire venir des groupes au Club, suite à une remarque que je lui avais faite en disant que c’était dommage qu’il n’y ait pas de musiciens dans les Club Med. Il m’a mis en contact avec un collaborateur, deux jours après je commençais mon job de Directeur Artistique. À l’époque, les choses pouvaient se faire vite pour un jeune.

En 72’ Kongas se monte, on se donne rendez-vous pour l’été à Saint-Tropez pour jouer en terrasses. Je faisais des solos de batterie le soir et ma copine faisait la manche avec un chapeau melon. Un soir on remarque un monsieur que tout le monde regardait. On a appris qu’il s’agissait d’Eddie Barclay, une véritable sommité à l’époque. Il a mis un petit papier dans le chapeau de ma copine, par lequel il demandait de le rejoindre à sa table quand j’aurais terminé.

À 21 heures je termine, je vais le rejoindre. Il me dit « c’est bien ce que tu fais, mais il te faudrait un groupe j’aimerais bien qu’on en parle, viens déjeuner chez moi demain ».
Le lendemain, je raconte à Eddie Barclay que j’ai déjà un groupe. Il me donne l’opportunité de faire une audition en live au Papagayo, un club célèbre de Saint-Tropez, c’était LE Club de la Côte d’Azur à l’époque, un club qui existe toujours.

Je fais descendre le groupe, on fait l’audition et le groupe est resté tout le mois d’août à jouer. On avait un gros succès ce qui fait que fin août on signait un contrat chez Barclay et en novembre on sortait le premier single : « Boom », qui a été un succès. L’aventure était partie.

4 ans après j’ai quitté le groupe, parce que trop de pression, trop de concerts. Je sors ensuite « Love in C Minor » enregistré en 1976 à Londres et la suite vous la connaissez.

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Le premier album de Marc Cerrone : « Love In C Minor » sorti en 1976

Vous avez une capacité à rebondir impressionnante Marc Cerronne. Après votre départ de Kongas, vous ouvrez une boutique de disques ?

C’est vrai j’ai ouvert un magasin à la gare de Vitry-sur-Seine (là ou est né Marc Cerrone le 24 mai 1952 ndlr). J’achetais mes disques chez un grossiste. Ce dernier m’a motivé à ouvrir une seconde boutique dans un nouveau centre commercial: « Bel Épine ». Un an et demi plus tard, j’avais 5 magasins, qui marchaient très bien. J’étais une fois de plus au bon endroit au bon moment.

En 2018, Marc Cerrone vendeur de disques est-il plus vinyle ou CD ?

(Sans aucune hésitation ndlr) : Vinyle ! Toujours vinyle il ne faut même pas me poser la question (rires). Même au niveau de mes enregistrements, je préfère l’analogique au numérique c’est évident.

Aujourd’hui, quand vous sortez un nouvel album, vous le sortez également en vinyle ?

Oui, tout le temps !

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Le jeune Marc Cerrone le 5 juin 1977. Crédit photo Wikimedia©

Vous avez vécu à Los Angeles, y êtes-vous toujours installé ?

J’y ai vécu pendant 22 ans. Je suis rentré en France en 2001. Ravi d’être rentré. Encore une fois je crois avoir été au bon endroit au bon moment. Mais je préfère la France et la culture française. Et pour aller plus loin, je dirais même que la France est devenue «Right Time, Right Place » aujourd’hui. Je suis entouré de plein de jeunes qui croient au paradis et qui me disent que la France est aujourd’hui un paradis. Chaque matin qu’on se réveille est un miracle, j’ai ce sens positif qui a fait que pour franchir les obstacles dans ma vie, j’ai toujours utilisé un escabot pour aller plus haut.

Lundi dernier nous assistions à votre vernissage. Pourquoi avoir choisi la peinture ?

C’est la peinture qui est venue vers moi. Une association (Caricativ’Art ndlr) m’a approché il y a une dizaine d’années, comme 49 autres personnalités (cinéma, chanson, sport..). Ils nous ont apporté deux toiles vierges que nous devions peindre et ces tableaux étaient revendus au profit de l’enfance maltraitée. Je me suis prêté au jeu et quand j’ai réalisé ma première toile, les gens qui passaient me disaient que c’était bien. Du coup j’ai fait rapidement mes 2 toiles, j’ai donc demandé deux autres toiles, ce qui en faisait quatre au total.

C’est ce qui m’a donné l’envie de continuer en me disant « pourquoi pas essayer ? » Pierre-Cornette de Saint-Cyr, célèbre commissaire-priseur, m’a également repéré et motivé à continuer. C’est ce qui explique que j’ai continué dans cette voie. (Pour lire ce que Pierre-Cornette de Saint-Cyr pense des toiles de Cerrone, cliquez sur ce lien).

Est-ce qu’il y a une autre expo de prévue sur Paris ?

Pas pour le moment non. Ce sera peut-être le cas ultérieurement, c’est ma femme qui s’en occupe. L’année dernière elle avait fait Art Basel à Miami et cet été elle prévoit une autre exposition à Saint-Tropez, comme par hasard (rires).

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Peinture à l’huile 80 x 80. Artiste Marc Cerrone©

Marc Cerrone est-il quelqu’un de vintage ?

Ah cette question on ne me l’avait jamais posée ! (rires). Je ne peux pas dire non, parce que ça fait 45 ans que j’ai débuté dans la musique. Mais j’ai la chance, de génération en génération, d’exister. Que ce soit au travers de remix, de samples ou de réadaptations, les producteurs électro ou autres m’ont maintenu au présent. Mon public en 2018 a entre 18 et 35 ans, ce qui contredit le côté vintage, mais quelque part ils ne viennent écouter que du Cerrone. Ils viennent donc écouter du vintage.

Idem dans la rue, les personnes qui me demandent des autographes, ou un selfie, ce sont des jeunes qui viennent me voir. Et les gens moins jeunes qui les accompagnent leur demandent « mais c’est qui ? » (Rires).

Restons dans le vintage, pour vous déplacer, vintage ou pas ?

Pour la voiture, je suis totalement contemporain et attiré par les nouveaux modèles, comme c’est le cas pour la téléphonie. Quand un nouvel iPhone sort, on va le chercher. Je vis avec mon temps, quel que soit le niveau. Les gens plus âgés qui critiquent le fait qu’on soit souvent sur les réseaux ou internet, moi je n’en fais pas partie. Je trouve ça génial le web ! Je n’aime pas spécialement le vintage, mais je le suis malgré tout. C’est très agréable à vivre.

Y a-t-il une autre facette de Marc Cerrone qu’on ne connaisse pas ?

Oh j’espère découvrir encore autre chose. Je n’ai presque pas assez de temps pour tout faire mais j’ai la chance d’être au moins 3 fois par mois devant un public, qui a la banane quand vous arrivez et quand vous repartez, quel beau cadeau ! Déjà je ne fais pas un travail, je me fais caresser par le public. Un bonheur que je souhaite à tout le monde.

En concert, vous êtes derrière les platines ou derrière une batterie ?

Ça dépend. Quand je fais les gros festivals comme l’année dernière à New-York, Sonar à Barcelone qui est l’un des plus gros festivals d’Europe ou encore le Glastonbury en Angleterre, je passe une heure de set dont le dernier quart d’heure à la batterie. En 2019 ce sera une grosse tournée qui va durer une bonne année et demie ou là encore, ça dépendra des soirées.

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Peinture à l’huile 150 x 150. Artiste Marc Cerrone©

Votre dernier album était « Red Lips » en 2016, y a-t-il un prochain album de prévu ?

Oui ! Il sortira au mois de mai 2018. Pour l’occasion j’ai reformé le groupe Kongas, qui a joué aux Bains Douches à Paris la semaine dernière. Ils sont absolument géniaux ! La semaine prochaine nous entrons en studio pour enregistrer comme à l’époque, en live. Le disque sortira chez Because Music, en mai (Une grosse maison de disques indépendante qui a produit Prince, Justice, Manu Chao, Charlotte Gainsbourg ndlr). C’est moi qui ai composé l’album, un EP de 5 titres et Kongas l’interprète. Il y aura des dates de prévues en concert derrière, mais je n’ai pas encore les détails.

3 Commentaires

3 Comments

  1. Moreau

    08/05/2020 at 17h08

    J’adore ce chanteur depuis mon adolescence, vers mes 18 ans et depuis, je ne l’ai pas oublié. Je ne me rappelle plus le nom du nouvel et dernier album qu’il a sortit il y a quelques temps, j’avais noté D N A ou D N E ?

    • Alexis Pillon

      08/05/2020 at 17h42

      Bonjour !
      Le dernier album de Marc Cerrone se nomme en effet « DNA » 😉
      Alexis de l’équipe Monsieur Vintage.

  2. MOREAU

    09/05/2020 at 16h51

    Bonjour, je suis cet auteur et compositeur depuis qu’il existe et j’adore vraiment toutes ces musiques, c’est vraiment un GRAND MONSIEUR, j’espère qu’il en fera d’autres car sinon la musique française pourrait décliner ; depuis la disparition de Mickaël Jackson, on ne pet pas dire que nous sommes très gâtés !!!! IM ce 9/05/2020

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